
Bonjour M. Richard, pourriez-vous nous dire qui vous êtes et comment vous avez été en contact avec Over The Blues ? J’ai la responsabilité d’un service qui comporte vingt-cinq lits de réanimation et qui dans cette triste période de crise sanitaire a pris en charge des malades du COVID19. C’est dans ce cadre-là que s’est posé la question de la protection des 120 soignants et de leurs équipements. Mes deux contacts initiaux, ont été Magali Oudard et Catherine Mordant, via du bouche-à-oreille. D’autre part, des collègues de Georges Pompidou sont eux aussi en contact avec Over The Blues, et les actions de l’association commençaient alors à être connues dans l’hôpital public. L’arrivée de ces sur-blouses en tissu a été une aubaine pour l’hôpital. Le système de blanchisserie et de lavage des blouses est actuellement en train de se mettre en place dans les services. Ce que je peux vous dire, c’est que les cadres et les surveillantes, sont très heureux de cette démarche-là. Je pense que cela va s’inscrire dans la durée. C’est peut-être une conviction personnelle, mais ces sur-blouses sont devenues nos tenues de travail, et dans ce cadre infectieux, nous devons être en mesure de protéger ce matériel. En contre-exemple, je citerai nos collègues chinois, pour en avoir parlé avec eux, qui ont trouvé une solution épouvantable, en mettant aux soignants une sorte de kimono, qui ne protège pas les soignants. Pensez-vous que nous sommes dans un changement durable concernant la confection du matériel des soignants ? Il y a non-seulement le COVID, mais aussi la grippe et de nombreuses autres infections. Nous sommes dans un changement de paradigme dans les hôpitaux, en ce qui concerne les mesures d’hygiène. Le port du masque, le lavage des mains itératif, la sur-blouses, tout cela est renforcé. De plus, les sur-blouses à usages uniques sont dépassées devant l’importance de la demande actuelle. Il faut revenir à de bons principes de sur-blouses en tissus, lavables et recyclables. En plus, le modèle est parfait, niveau longueurs et fermetures. Comment s’envisage le déconfinement dans l’hôpital ? Dans un service comme le nôtre l’arrivée de malades COVID positifs a diminuée. Cependant, nous avons encore beaucoup de malades en réanimation. Les 25 lits de mon service sont occupés, pas seulement de malades du COVID. Les malades en réanimation du COVID et qui s’en sortent, restent longtemps sous la respiration artificielle. C’est pourquoi nous sommes toujours fléchés rouge en région parisienne. Il y a une inquiétude mesurée qu’après le déconfinement, cela s’accompagne d’un certain nombre de nouveaux cas COVID et qu’à ce moment-là, nous n’ayons à nouveaux pas assez de lits. Les épidémiologistes espèrent qu’il y aura un scénario bas, tout en prévoyant un scénario haut. Mais bien malin qui pourra dire comment cela se passera. Nous demandons à l’AP-HP de nous y préparer. Nous faisons aussi face à une fatigue du personnel soignant, qui souhaiterait pouvoir souffler. Je répète le message : il faudra bien porter un masque dès que nous nous retrouverons dans des situations de proximité et se laver les mains. Un dernier mot pour les bénévoles de l’association ? Un grand merci pour cette chaîne de solidarité, et ce merci vient de la part de toute l’équipe soignante. Ce n’est pas original, mais c’est fondamental. Voyez, il y a ces histoires d’applaudissements à 20 h, mais les soignants sont beaucoup plus sensibles aux véritables actions de solidarité. Là, il y a un investissement considérable derrière cette association. 17 000 sur-blouses livrées, c’est extraordinaire, cela va au-delà des belles paroles et c’est du concret ! |